Il y a quatre ans, je suis devenue maman.
Comme beaucoup d'autres mères, j'ai vu que ceci a créé un énorme mouvement tectonique de ma personnalité. J'avais l'impression que les gens autour de moi commençaient à me voir comme une adulte mais peut-être aussi que c'était moi qui avais muri. Cette maturation s'est associée à un nouveau regard sur la vie.
Tout le monde sait que, dès qu'on tombe enceinte, on abandonne toute intimité et qu'on devient propriété public. Notre ventre, nos seins, notre sang et nos opinions sont sujet de débat féroces entre des gens qu'on ne connaît parfois qu'à travers internet.
Notre corps est touché, palpé, malmené, parfois mutilé en perte de contrôle totale par un certain personnel médical ou par des experts autoproclammés.
Moogy étant Moogy, ça m'a révoltée, cette abduction de mon "moi". Je n'ai pas du tout compris quelle était la légitimité des revendications exprimées par toute une société envers mon être. Ca a changé ma vue sur notre société et sur les micro-biotopes qui en découlent.
Petit à petit, à travers ma grossesse et ma maternité, a grandi en moi une force de caractère que je n’avais pas auparavant. J’ai commencé à me rendre compte que j’avais de l’importance, que j’existais à travers moi et que ma vérité à moi en était une de vrai. Je commençais à me définir selon mes critères et non plus selon les critères que d'inconnus me nourrissaient. Depuis, petit à petit, je me détourne des vérités prônées par les médias, les réseaux sociaux et ces nouveaux gourous que sont les « experts » en tout genre. J'ai découvert que la vérité est unique et uniquement en moi-même.
N’est que vrai ce qui est vérité pour moi.
J'ai appris à penser par moi-même.
Ce que j'ai réellement appris et acquis, c'est l'intégrité personnelle. Ca va faire un an maintenant que je peux me dire intègre à moi-même et à mes valeurs, tant bien que mal. Détachée autant que possible des voix qui essaient d'influer mon moi pour le dévier de cette base qui m'enracine au noyaux de mon être.
Depuis un an maintenant, j'essaie d'appliquer ces trois concepts qui sont la discipline, l'intégrité et l'éthique.
Voici trois exemples simples:
Je n’aime pas l’alcool. Avant, j’en buvais quand-même, pour faire comme tout le monde, pour faire partie du groupe, pour être plus « détendue ». Maintenant je suis honnête envers moi-même, j’ai arrêté de boire de l’alcool (sauf le champagne car je suis champenoise... et un peu snob aussi, mwahaha).
Je hais les drogues psychiatriques. Je les ai toujours détestées mais je n’ai jamais osé le dire à voix haute de peur de passer pour une allumée, en succombant aux « mais alleeeez, c’est pas si grave que ça les anti-anxiogènes, tout le monde en a déjà pris et on en est pas plus mal heeeein ! » sauf que maintenant : non ! Je HAIS les drogues psychiatriques sous TOUTES leurs formes et je n’accepterai JAMAIS leur existence.
Je n’excuse plus le viol. J’appelle un chat un chat : j’ai été violée par un de mes ex. Là où, avant, je prenais la faute de ces viols sur moi, maintenant je regarde en moi et je crie la vérité haut et fort ; je déteste la façon dont notre société excuse, encourage et incite au viol. Je ne cache plus mon opinion.
Beaucoup d’autres exemples comme l’écologie, la finance, le shopping, les œuvres caritatives,… qui me tiennent à cœur et dont je prône maintenant des discours à moi et rien qu’à moi sans plus avoir peur des opinions ou critiques des autres.
Ce qui est décourageant, c'est que j'ai l’impression de me battre contre un tsunami. Mes combats, je suis la seule à les mener. Certes, j’ai maintenant le courage d’exprimer à voix haute qu’il est important de faire du vélo et d’abandonner la voiture, qu’il est important de ne plus écouter ou lire les informations, qu'il est important d'informer et de revendiquer l'allaitement sans invalider le lait en poudre… mais ça ne sert à rien de parler toute seule dans mon coin, non ? Bon, ok, j’apporte ma petite contribution en suivant une formation de marraine d’allaitement, en blogguant à propos d’un féminisme bien défini, en expliquant mes opinions,… mais bon, un coup d’épée dans l’eau quoi…
Sauf que j’ai l’impression que les choses changent ! Je ne suis plus la seule à parler envers et contre un courant tellement puissant ! D’autres parlent, et bien plus fort que moi !! Et quand beaucoup de gens parlent, de plus en plus de gens se réveillent en entendant un nouveau message. Des gens détournent le regard de Secret Story pour voir un monde en mouvance. Faustine, une amie a posté sur Twitter : « Je suis contente d’être née à cette époque apocalyptique. Voir de mes yeux LE renversement mondial des valeurs et du pouvoir… Le changement des mentalités, les grondements de la terre et des peuples… Ca sera violent, ça sera vital. ».
J’avais vu les signes et je m'étais déjà dit que j'avais l'impression que les choses commençaient à bouger mais je suis surprise de voir que je ne suis pas la seule. J’aimerais être non pas la seule mais une parmi des milliers, millions à croire qu’un mouvement historique est en train de se créer. Le slogan « indignés mais pas résignés » que j’entends monter me donne de l’espoir ! Je ne suis plus la seule à parler. Ma voix n’est pas petite et inaudible à cause d’un énorme contre-courant mais elle est petite et inaudible parce que de plus en plus de gens hurlent et crient comme moi, sauf qu’ils crient bien plus forts !
Le mouvement antiglobaliste revient en efficacité plus pertinente.
Qui aurait pu croire en un printemps arabe ? Qui aurait pu croire que des gens veulent se faire lever 99% de la population contre 1% d’assoiffés de pouvoirs et d'argent ? Qui aurait pu croire que des « salopes » arpenteraient les rues en quête de justice ? Que des politiciens embaucheraient des militantes féministes pour consolider leurs opinions latentes (ou que certaines s'auto-proclameraient féministes pour faire genre... d'ailleurs...)?
Tellement de gens agitent les bras pour intensifier cette ferveur naissante. Des femmes en Inde changent de nom en masse, les américains ferment leur compte en banque en masse, les brésiliens (avec leur réputation machiste) s'opposent de par le gouvernement aux publicités sexistes (qui a dit que de voter pour une femme ne sert à rien), les indignés marchent vendredi aussi en France,...
Le monde bouge !
On dit souvent que d’avoir un enfant est un acte égoïste. Il a été prouvé que la procréation est l’acte le plus nocif pour l’écologie de notre planète. La démographie grimpante est inquiétante mais est-ce qu’on en est bien sûr que la naissance de ces "trop" d’enfants est signe du début de la fin ? Si tous ces enfants qu’on pond « en trop » grandissent avec une conscience éthique et intègre à la survie de l’espèce, si tous leurs parents se réveillent d'une façon ou d'une autre comme moi je l’ai fait et que leurs parents leurs apprennent comment le monde, de leur temps, tournait tout carré mais que maintenant il tourne déjà plus rond grâce à la conscience commune de la population mondiale qui a su faire entendre sa voix…
Est-ce toujours néfaste que d’avoir des enfants dans ces conditions-là ?
Note de Moogy : je sais que je tiens des propos simplistes mais je m’en fous. Ce blog est un cahier de ma vie et de mes espoirs. J’aime rêver que les gens naïfs comme moi empêchent le monde de tomber dans un cynisme perpétuel.
Note de Moogy² : n’essayez même pas de me convaincre à propos des drogues psychiatriques. Je suis intransigeante.
8 commentaires:
Rassure moi le chocolat, ce n'est pas une drogue?
J'aime beaucoup ton article qui te reflete bien: pleins de bonnes idées, l'acceptation de choix différents du tien (c'est rare de nos jours).
Seul petit bémol personnel: j'aime bien l'idée de la "Slutwalk" mais alors la traduction en "Salopes" me dérange.
Mais bon c'est personnel et j'aurai du mal à décrire plus avant cette "gêne".
Oui mais c'est le but de la slutwalk justement, de reprendre le pouvoir sur ce mot. "Trainée" n'est plus utilisé autant que "Salope". C'est un mot qui gêne les femmes et c'est bien pour ça qu'il est utilisé ainsi. Une femme qui se fait violer ou avorter c'est une salope, non?
Ca m'intéresse beaucoup ce que tu dis au sujet des drogues "légales" (le reste aussi hein, mais je tombe rarement sur ce genre d'opinion au sujet des psychotropes). Tu as développé ça dans un billet ou pas ??
"Si tous ces enfants qu’on pond « en trop » grandissent avec une conscience éthique et intègre à la survie de l’espèce, si tous leurs parents se réveillent d'une façon ou d'une autre comme moi je l’ai fait et que leurs parents leurs apprennent comment le monde, de leur temps, tournait tout carré mais que maintenant il tourne déjà plus rond grâce à la conscience commune de la population mondiale qui a su faire entendre sa voix…" moi aussi j'aimerai croire à ça... mais ce n'est pas ce que je vois autour de moi malheureusement...
merci pour ce message.. pour moi aussi, avoir ma première fille a remis tout mon monde en cause... je me suis jetée à corps perdu ds l'ecologie, et j'en ai fait une dépression de me croire seule contre le monde... et là! les indignés, les projets qui se montent partout, les voix qui s'élèvent! c'est de l'espoir, encore et encore! c'est du soleil dans la grisaille, c'est des milliers de voix différentes et distantes qui tout à coups communiquent, partagent, et forment une chanson.... j'aime j'aime j'aime!!!!!
again ! again !
suis de tout coeur avec toi même si je ne partage pas toutes tes idéees.
"J’aime rêver que les gens naïfs comme moi empêchent le monde de tomber dans un cynisme perpétuel.", je suis naïve et j'assume à fond! Je vous suis!
Je suis tombée sur votre article par hasard, via le facebook de Faustine. Je comprends cette impression de marcher à contre courant, j'ai l'impression d'avoir fait ça toute ma vie (je n'aime pas l'alcool et n'ai jamais voulu me forcer, je hais les cigarettes depuis toute petite, je ne bois pas de café, je n'ai jamais aimé sortir en boite : bref, je suis une extraterrestre de 25 ans !). Actuellement enceinte, j'ai été particulièrement captée par les passages qui touche à la maternité. Merci pour ce joli billet.
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